Le Néo-Kémitisme, une Fabrication Anachronique – Comment la Copie Accuse l'Original
e Néo-Kémitisme moderne accuse le christianisme d’être un plagiat de la sagesse pharaonique. Pourtant, une analyse historique démontre l’inverse : cette spiritualité contemporaine est elle-même un syncrétisme tardif, nourri par l’occultisme européen du XIXe siècle, la Kabbale et le New Age. Loin de restaurer la religion égyptienne originelle, elle la transforme en un produit édulcoré, débarrassé de ses aspects dérangeants comme l’esclavage, l’impérialisme et l’inceste royal.
Vérité Le Noir
8/14/20256 min read


Introduction : L'Accusateur au Banc des Accusés
Le Néo-Kémitisme, ce mouvement moderne qui prône un retour à la spiritualité de l'Égypte ancienne, s'est construit sur une accusation centrale : le christianisme serait un plagiat, une version "blanchie" et déformée de la sagesse originelle de Kemet. Mais que se passe-t-il lorsque l'on retourne le miroir et que l'on analyse le Néo-Kémitisme lui-même avec la même rigueur critique ?
On découvre une réalité stupéfiante. Le Néo-Kémitisme moderne, loin d'être une restauration fidèle de la religion pharaonique, est en réalité une construction syncrétique et anachronique. C'est une spiritualité qui vole des concepts à d'autres traditions, qui trahit l'esprit de la spiritualité égyptienne originelle, et qui se rend coupable des crimes mêmes dont elle accuse la foi biblique.
1. Le Vol Conceptuel : Comment le Néo-Kémitisme a Plagié l'Occultisme Européen
La première ironie est que le Néo-Kémitisme, qui se veut une spiritualité purement africaine, tire une grande partie de ses concepts clés de l'ésotérisme européen du XIXe siècle.
Le Concept de "l'Égrégore" : Comme nous l'avons vu, ce n'est pas un concept égyptien. C'est une invention de l'occultisme français (Éliphas Lévi, Stanislas de Guaita). Quand un Kémite moderne parle d'égrégore, il ne parle pas le langage de ses ancêtres, il parle celui des magiciens parisiens.
La "Science Sacrée" et les "Initiés" : L'idée que la religion égyptienne cachait une "science" secrète (astronomie avancée, pouvoirs psychiques...) est une idée popularisée par la Théosophie d'Helena Blavatsky et les sociétés hermétiques comme la Golden Dawn. Ce sont des mouvements européens qui ont projeté leurs propres fantasmes sur l'Égypte.
Le Lien avec la Kabbale Juive : La tentative de lier le panthéon égyptien à des concepts de la Kabbale (comme l'Ain Sof) est une autre caractéristique de cet occultisme syncrétique, qui cherchait à créer une "tradition primordiale" en mélangeant tout.
Conclusion de ce point : Le Néo-Kémitisme n'est pas une restauration. C'est un produit de l'occultisme occidental qui a été "re-africanisé" en surface. Il accuse le christianisme de plagiat tout en étant lui-même un plagiat de l'ésotérisme européen.
2.Le Mirage du "Corpus Hermeticum" – Une Sagesse Grecque sous un Masque Égyptien
Pour se donner une légitimité antique et contourner l'accusation d'être une invention du XIXe siècle, les promoteurs du Néo-Kémitisme se réfèrent souvent à une collection de textes mystérieux : le Corpus Hermeticum. Ces écrits, attribués à un sage égyptien mythique nommé Hermès Trismégiste (une fusion du dieu grec Hermès et du dieu égyptien Thot), sont présentés comme la source de la "haute science" et de la philosophie pure de Kemet.
Cependant, une analyse historique et philologique rigoureuse de ces textes révèle une tout autre histoire. Le Corpus Hermeticum n'est pas un témoignage direct de la religion pharaonique, mais une création syncrétique de l'époque gréco-romaine, profondément influencée par la philosophie grecque.
1. La Datation : Un Anachronisme Révélateur
Le Fait Académique : Les spécialistes, en analysant le vocabulaire, le style et les concepts philosophiques des textes, datent la rédaction du Corpus Hermeticum entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C.
La Source : Des érudits comme Garth Fowden (The Egyptian Hermes) ou Brian Copenhaver (traducteur de référence) ont prouvé que ces textes ont été écrits en grec, dans la métropole cosmopolite d'Alexandrie, en Égypte.
L'Implication : Ces textes ne sont pas des documents de l'Égypte de Ramsès II ou d'Akhenaton. Ils ont été écrits des centaines d'années après les derniers pharaons, à une époque où l'Égypte était sous domination romaine et où les idées grecques, juives et perses s'entremêlaient.
2. Le Contenu : Une Philosophie Grecque, pas une Théologie Pharaonique
Le contenu même du Corpus Hermeticum trahit son origine. Les idées qui y sont développées sont largement étrangères à la pensée égyptienne traditionnelle et sont en parfaite adéquation avec les courants philosophiques grecs de l'époque.
Le Dieu Inconnaissable et Transcendant : Le "Dieu" ou le "Un" du Corpus Hermeticum est souvent décrit comme un principe abstrait, inconnaissable et transcendant. C'est un concept directement hérité du platonisme et du néoplatonisme (la philosophie de Platon et de Plotin), qui est en contradiction avec le panthéon concret et immanent des dieux égyptiens traditionnels.
L'Homme comme Microcosme Divin : L'idée que l'homme est un "microcosme" contenant en lui une étincelle divine (nous) et qu'il peut atteindre la divinité par la connaissance (gnosis) est le cœur de la pensée gnostique et hermétique qui fleurissait à Alexandrie à cette époque. Ce n'est pas la vision pharaonique de l'homme créé pour servir les dieux.
Le Dualisme Esprit/Matière : Le Corpus Hermeticum présente souvent le corps et le monde matériel comme une prison ou une illusion dont l'âme doit s'échapper. C'est un dualisme typiquement platonicien, à l'opposé de la religion égyptienne qui, avec la momification, cherchait désespérément à préserver le corps pour l'éternité.
3. La Conclusion : Un "Cheval de Troie" Intellectuel
Le Corpus Hermeticum n'est donc pas la "source" de la sagesse égyptienne. C'est le résultat d'intellectuels grecs d'Alexandrie qui ont tenté de réinterpréter la religion égyptienne à travers le prisme de leur propre philosophie platonicienne. Ils ont utilisé les noms et les symboles égyptiens (Thot/Hermès) comme un masque prestigieux pour donner une autorité "ancestrale" à leurs propres idées.
Lorsque les Néo-Kémites modernes citent le Corpus Hermeticum comme preuve de la supériorité de la pensée africaine, ils commettent une ironie tragique : ils citent en réalité des philosophes grecs. Ils ne font pas un "retour aux sources" africaines, ils importent sans le savoir une philosophie européenne tardive, pensant qu'il s'agit de l'or pur de Kemet.
3. La Trahison de la Spiritualité Égyptienne Originelle
Plus grave encore, le Néo-Kémitisme moderne trahit l'esprit même de la religion qu'il prétend restaurer. Il la modernise et l'édulcore pour la rendre acceptable à une sensibilité du XXIe siècle.
La Morale : L'Égypte ancienne, comme nous l'avons vu, était une société impérialiste, esclavagiste, et où l'inceste royal était la norme. Les Néo-Kémites modernes, gênés par cette réalité, ignorent ces aspects et prêchent des valeurs humanistes modernes (égalité, consentement, fraternité...) qu'ils attribuent faussement à la Maât. Ils ont créé une Égypte idéalisée qui n'a jamais existé.
La Nature des Dieux : Les dieux égyptiens étaient des entités spécifiques, locales, souvent amorales et capricieuses. Le Néo-Kémitisme les réinterprète souvent comme des archétypes psychologiques ou des manifestations d'un "Principe Un" impersonnel. C'est une tentative de transformer une religion polythéiste concrète en une philosophie panenthéiste abstraite, ce qui est une trahison de la foi vécue par les anciens Égyptiens.
Le Rituel : La religion égyptienne était une religion d'État, extrêmement hiérarchisée, avec une caste de prêtres qui détenait le monopole du sacré. Le Néo-Kémitisme moderne est souvent une pratique individuelle, une sorte de "développement personnel" où chacun peut devenir son propre initié. C'est une vision protestante et individualiste de la spiritualité, projetée sur un système qui était fondamentalement collectif et autoritaire.
Conclusion de ce point : Le Néo-Kémitisme ne restaure pas la religion pharaonique ; il la neutralise. Il prend son esthétique (les noms, les symboles) mais lui retire son contenu historique, moral et théologique dérangeant.
4. L'Accusateur est Coupable
Nous pouvons maintenant conclure en retournant l'accusation.
"Le Néo-Kémitisme se présente comme l'authentique spiritualité africaine et accuse le christianisme d'être une copie déformée. L'ironie de l'histoire est que c'est le Néo-Kémitisme lui-même qui est une fabrication anachronique.
Il accuse le christianisme de plagiat, alors qu'il est lui-même un syncrétisme d'idées volées à l'occultisme européen, à la Kabbale et au New Age.
Il accuse le christianisme d'avoir trahi la spiritualité africaine, alors qu'il trahit lui-même la réalité de la religion égyptienne en la purgeant de ses aspects les plus dérangeants pour la rendre commercialisable au XXIe siècle.
En fin de compte, le Néo-Kémitisme est la vraie réligion des "Blancs" qui vole à la spiritualité originelle Kémite plutôt que le christianisme, avec ses fondements africains, qu'il accuse.
La différence fondamentale est que le christianisme, par l'Incarnation, affirme accomplir et dépasser les prophéties et les intuitions du passé. Le Néo-Kémitisme, lui, est une tentative de reconstruire un passé idéalisé en utilisant des matériaux d'emprunt et en cachant les parties les plus gênantes de son histoire. L'un est une progression, l'autre une contrefaçon."
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