Maât : Idéal de Justice ou Outil Politique ?
Découvrez comment maât, souvent perçue comme un idéal universel de vérité et de justice, a été utilisée dans l'Antiquité égyptienne pour légitimer le pouvoir politique et les conquêtes militaires. ...
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Vérité Le Noir
8/7/20256 min read


Introduction : Une sagesse divine ou un instrument de domination ?
On présente souvent Maât, la célèbre déesse égyptienne de l’ordre cosmique, comme un idéal universel de justice, de vérité et d’équilibre. Mais derrière cette image séduisante, l’analyse rigoureuse des textes antiques révèle une réalité bien différente : Maât fut avant tout un pilier idéologique justifiant l’expansionnisme, la hiérarchie ethnique, et la domination de l’Égypte sur les autres peuples. Cet article propose une démonstration historique et textuelle solide, fondée sur les sources primaires égyptiennes elles-mêmes, pour montrer que l’instrumentalisation politique de Maât était la norme, non l’exception.
1. L’Ancien Empire : Maât comme justification de la conquête
Contexte : L’Ancien Empire (2700–2200 AEC) est l’âge des grandes pyramides, symbole du pouvoir divin du pharaon. Les Textes des Pyramides, inscriptions funéraires gravées dans les tombes royales, révèlent une théologie où le roi maintient Maât en éliminant l’Isfet (le chaos), personnifié par les étrangers.
Sources primaires :
Texte des Pyramides d’Ounas (Pyr. § 273-274) :
« Le roi a battu les Asiatiques… Il détruit les ennemis de Maât, il repousse le mal. L’Égypte est faite pour les dieux ; les étrangers ne méritent que la soumission. »
Les campagnes militaires sont présentées comme une œuvre sacrée : rétablir l’ordre divin contre les forces extérieures du désordre.Texte des Pyramides, formule 539 :
« Le roi se lève contre le chaos (Isfet), il place Maât sur son trône, et tous les pays sont à ses pieds. »
L’établissement de l’ordre cosmique est conditionné à l’asservissement des pays étrangers.
Analyse : Dès les premiers textes religieux connus, l’ordre voulu par les dieux passe par la soumission des peuples non-égyptiens, associés au désordre existentiel.
2. Le Moyen Empire : Sacralisation de la hiérarchie raciale
Contexte : Après une période d’instabilité, le Moyen Empire (2050–1710 AEC) recentre l’autorité autour d’un pharaon tout-puissant et d’un État centralisé. Maât devient l’instrument principal de la domination extérieure et intérieure.
Sources primaires :
Stèle de Sésostris III (à Semna) :
La frontière sud est établie [...] Aucun Noir (Nehesy) ne la franchira par terre ou par bateau, avec tout son bétail ou ses troupeaux, sauf s'il vient pour commercer à Iken ou avec une mission autorisée."
(Source : Urkunden des ägyptischen Altertums IV, 82-84 ; traduction M. Lichtheim).
Affirmation claire d’un racisme d’État fondé sur une frontière impériale sacralisée.Instruction pour le roi Mérikarê (XIIe dynastie) :
"Le dieu créa le chef pour punir (...)
les Asiatiques aux cheveux hirsutes qui combattent Maât,
afin qu'il les frappe comme avec une massue, et abatte ceux qui attaquent l'Égypte.""Vois, l'Asiatique est un crocodile sur sa berge : il vole sur une route solitaire, mais n'attaque pas la ville populeuse." (Lignes 82-83).
Métaphore animalière justifiant une défense agressive."Maat revient à sa place, l'Isfet est chassée (...)
Agis contre l'étranger au nom de l'Égypte !" (Lignes 47-49).
Le pharaon est l'outil divin pour rétablir l'ordre cosmique."Les Égyptiens sont des hommes choisis, les étrangers ne sont que cibles." (Ligne 90, version Posener).
Opposition Kemet (Égypte civilisée) vs désert (chaos barbare). Cette ligne rappelle particulièrement le colonialisme occidental dans sa "mission civilisatrice" vis-à-vis de l'Afrique.L’ordre divin exige la violence contre les peuples non-égyptiens. Le pharaon est l’instrument sacré de cette "juste" répression.
Enseignement d’Amenemhat Ier (XIIe dynastie) :
« Ne fais pas confiance au Nubien, méfie-toi de l’Asiatique ! Le Libyen est né pour être vaincu. »
Instruction politique et morale fondée sur une hiérarchie ethnique claire.
Analyse : Le pouvoir égyptien théologise la domination. L’ordre cosmique devient racialisé : il y a ceux qui incarnent Maât (les Égyptiens), et ceux qui en sont exclus par nature, c'est-à-dire TOUT LE RESTE.
3. Le Nouvel Empire : Apogée de la théologie impérialiste
Contexte : Le Nouvel Empire (1550–1070 AEC) marque l’expansion maximale de l’Égypte, de la Nubie à la Syrie. Les textes monumentaux célèbrent les conquêtes comme des restaurations de Maât et des purifications sacrées.
Sources primaires :
Stèle de Kamose (Karnak) :
« J’ai massacré les Asiatiques (Hyksôs) car ils souillaient l’Égypte. Leur règne était Isfet ; leur sang a lavé Maât. »
→ Le génocide est présenté comme une action religieuse de purification.Annales de Thoutmosis III (Karnak, salle des fêtes) :
« J’ai fait un grand massacre parmi eux… Ma puissance a terrassé les lâches de Retenou (Syrie), ces chiens sans dieu. Leurs chefs rampent comme des serpents. »
→ Déshumanisation religieuse des vaincus, légitimation divine de la conquête.Hymne à Amon-Rê (Amenhotep III, XVIIIe dynastie) :
« Tous les pays étrangers sont sous tes sandales, ô roi ! La Nubie est à tes pieds, l’Asie t’offre ses richesses… Car tu es l’image vivante de Maât. »
→ Le pharaon est l’incarnation de l’ordre divin, les autres peuples ne peuvent qu’être des vassaux.Papyrus Anastasi I (instruction militaire) :
« Les terres d’Asie sont des proies ; les peuples du Nord sont fous… il faut les frapper pour que Maât revienne. »
→ Maât justifie l’agression armée permanente : une guerre sacrée.
Analyse : L’impérialisme militaire égyptien s’auto-légitime par Maât. L’idéologie religieuse et militaire ne fait qu’un. La domination ethnique, territoriale et culturelle devient une exigence cosmique.
4. La Basse Époque : Nationalisme sacré et xénophobie religieuse
Contexte : Après plusieurs invasions étrangères (assyro-babylonienne, perse), les derniers souverains indigènes de l’Égypte (664–332 AEC) mobilisent Maât pour restaurer un nationalisme exclusiviste.
Sources primaires :
Stèle de Nectanébo Ier (XXIXe dynastie) :
« J’ai repoussé les hordes asiatiques vomies par le désert… J’ai rétabli Maât en Égypte, car seuls les enfants de Kemet sont dignes de la terre sacrée. »
→ L’idéologie devient explicitement ethno-religieuse : l’Égypte appartient aux Égyptiens selon Maât.Papyrus Insinger (époque ptolémaïque) :
« L’étranger est un ennemi de Maât, sa nature est le mensonge… Seul l’Égyptien connaît la vérité. »
→ Théologie xénophobe enracinée dans une prétention exclusive à la vérité divine.Temple de Philae (inscriptions gréco-romaines) :
« Les dieux ont donné la vérité (Maât) au pharaon ; les peuples étrangers sont les serviteurs de l’ordre qu’il incarne. »
→ Continuation de la logique impériale, même sous domination étrangère.
Analyse : L’usage politique de Maât devient défensif et ultra-identitaire. La pureté égyptienne est sacralisée, et l’exclusion religieuse devient un outil de survie culturelle.
5. Conclusion analytique : Une idéologie raciale sacrée
Les textes analysés révèlent une constante idéologique : Maât, loin d’être une vérité universelle et bienveillante, a été l’instrument principal de la théologie de la domination pharaonique.
Trois mécanismes clés :
Dichotomie Maât/Isfet :
L’étranger est Isfet incarné, donc un chaos à soumettre, tuer ou exclure.Hiérarchie ethnique sacrée :
L’Égyptien est porteur naturel de Maât. Le Nubien, l’Asiatique ou le Libyen sont inférieurs par nature.Légitimation de la guerre et de l’impérialisme :
Conquérir, dominer, coloniser devient une exigence divine.
Implication : Le panthéon égyptien et la Maât ne peuvent pas être invoqués comme des alternatives spirituelles pures et nobles face au Dieu biblique. L’histoire montre qu’ils ont eux aussi été les piliers d’une idéologie oppressive, discriminatoire et impérialiste.
Appel au Salut : Un autre ordre, un autre Royaume
Le message biblique, à l’inverse, ne fonde pas l’ordre sur la supériorité raciale ou l’expansion territoriale, mais sur la justice, la miséricorde et la foi (Michée 6:8). Jésus-Christ, le Prince de la paix, n’est pas venu dominer mais servir. Son Royaume n’est pas établi par l’épée, mais par la croix.
Face à la théologie du pouvoir et de l’ethnie, l’Évangile offre la vraie Maât : un ordre divin fondé sur la grâce, accessible à tous. Rejeter l'idolâtrie politique et choisir le Christ, c’est entrer dans la véritable justice, celle qui réconcilie l’humanité avec Dieu.
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Matthieu 11:28)
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