L'Homme, Poussière ou Poterie ? Réfutation du Mythe du Plagiat de Khnoum
Certains prétendent que Genèse 2 copie le mythe égyptien de Khnoum, dieu-potier qui modèle les humains sur son tour. Mais cette accusation ignore les différences fondamentales : là où Khnoum crée des serviteurs pour les dieux, YHWH façonne un fils, porteur de son souffle et de son image. L'homme biblique n’est pas un outil divin, mais un partenaire dans la gestion de la création.
KÉMETISMERÉFUTATIONS
Vérité Le Noir
8/5/20253 min read


Introduction : L'Argument du Dieu-Potier
Dans l'arsenal des critiques qui cherchent à démontrer que la Genèse est une copie des mythes égyptiens, une accusation moins connue mais tout aussi insistante concerne la création de l'homme. La thèse est la suivante : le récit de Genèse 2, où Dieu "forme" l'homme de la poussière du sol, serait un plagiat direct du mythe du dieu égyptien Khnoum, le dieu-potier qui façonnait les êtres humains sur son tour.
Cette comparaison, bien qu'elle pointe vers une image commune – celle d'une divinité artisane – ignore la différence la plus fondamentale qui soit : la finalité de la création. Une analyse rigoureuse montre que la Genèse, loin de copier le mythe de Khnoum, en présente une correction théologique radicale, qui élève l'homme du statut d'outil à celui de partenaire.
1. Le Mythe de Khnoum : L'Homme comme "Création en Série"
Le Contexte Égyptien : Khnoum est l'une des plus anciennes divinités d'Égypte, vénéré principalement à Éléphantine. Il est le dieu des sources du Nil et, par extension, le dieu qui donne la vie en utilisant le limon fertile du fleuve. Il est représenté comme un homme à tête de bélier.
Son Rôle de Potier Divin : Sa fonction la plus célèbre est de façonner le corps des enfants à naître sur son tour de potier, ainsi que leur "ka" (leur "double" ou force vitale). Des fresques, comme celles du temple d'Hatchepsout à Deir el-Bahari, le montrent en train de modeler la jeune reine et son ka.
La Finalité de l'Homme dans ce Mythe : Pourquoi Khnoum fabrique-t-il les hommes ? Pour peupler le monde et, comme le précisent tous les textes égyptiens, pour servir les dieux. L'humanité est une main-d'œuvre créée pour construire les temples, cultiver les champs divins et fournir les offrandes qui nourrissent le panthéon. L'homme est, par essence, un serviteur-né.
2. La Réfutation de la Genèse : L'Homme comme Création Unique et Souveraine
Le récit de Genèse 2 utilise une image similaire (le façonnage), mais pour raconter une histoire diamétralement opposée.
Contradiction n°1 : Le Matériau – Poussière vs Limon du Nil
En Égypte : L'homme est fait du limon du Nil, une matière fertile mais spécifiquement égyptienne. Son origine est locale.
Dans la Genèse : L'homme est fait de la "poussière de la terre" ('aphar min ha'adamah). C'est un matériau universel. Cela signifie que l'origine de l'homme n'est pas liée à une nation ou à une géographie sacrée, mais à la planète elle-même.
Contradiction n°2 : Le Processus – Façonnage Artisanal vs Souffle Divin
En Égypte : L'homme est une poterie. Sa "vie" (le ka) est également façonnée par Khnoum. C'est un acte purement artisanal.
Dans la Genèse : Le corps est "formé" (yatsar), mais ce qui rend l'homme véritablement homme n'est pas le modelage, c'est l'acte qui suit : Dieu "souffle dans ses narines un souffle de vies (nishmat chayyim)". C'est une infusion directe de la vie divine, un acte intime et personnel qui n'a aucun équivalent. L'homme n'est pas seulement un objet façonné, il devient un être qui partage le souffle de son Créateur.
Contradiction n°3 : La Finalité – Serviteur vs Vice-Roi
C'est la différence la plus fondamentale.
En Égypte : L'homme est créé pour être un serviteur. Sa vocation est de regarder vers le haut pour servir les dieux.
Dans la Genèse : L'homme est créé pour être le maître de la création. Sa vocation est de "dominer" (Genèse 1:28). Il est placé dans le Jardin non pas pour servir, mais pour "cultiver et garder", un rôle de vice-roi et de grand prêtre. Il est l'Image de Dieu, son représentant.
3. Conclusion : La Différence entre un Esclave et un Fils
Dire que la Genèse a plagié le mythe de Khnoum, c'est comme dire qu'un contrat d'adoption est un plagiat d'un acte de vente d'esclave, simplement parce que les deux documents mentionnent un être humain.
Le mythe de Khnoum raconte l'histoire de la fabrication d'un serviteur.
Le récit de la Genèse raconte l'histoire de la création d'un fils.
La Genèse utilise l'image familière du "dieu-potier" non pas pour la copier, mais pour la subvertir. Elle prend une histoire sur la servitude et la transforme en une histoire sur la royauté. Elle prend un récit sur l'utilité de l'homme pour les dieux et le remplace par un récit sur la dignité de l'homme, élevé au rang de partenaire de Dieu.
Loin d'être une copie, c'est la révolution anthropologique qui libère l'homme de sa condition d'esclave des dieux pour l'établir comme le prince héritier de la création.
Sources pour approfondir :
Erik Hornung, Conceptions of God in Ancient Egypt: The One and the Many.
John H. Walton, Ancient Near Eastern Thought and the Old Testament. (Pour la comparaison des visions du monde).
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