Le Voyage de la Reine Nzinga : Pourquoi l'Héroïne des Afrocentristes a finalement choisi le Christ

Découvrez la véritable histoire de la Reine Nzinga Mbande : stratège redoutable et héroïne de l’Angola, elle a connu la diplomatie, la guerre et la traite, avant de finir sa vie comme une chrétienne fervente. Un récit complet qui déconstruit les mythes afrocentristes et révèle la sagesse finale de la plus grande reine d’Afrique.

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9/12/20255 min read

Le Voyage de la Reine Nzinga : Pourquoi le Héros des Afrocentristes a finalement choisi le Christ

Dans le grand panthéon des héros de la résistance africaine, peu de noms brillent avec autant d'éclat que celui de la Reine Nzinga Mbande. Figure emblématique de la lutte contre l'impérialisme portugais au XVIIe siècle en Angola, elle est aujourd'hui présentée, à juste titre, comme un modèle de courage, d'intelligence stratégique et de fierté indomptable.

Certains leaders d'opinion vont plus loin. Ils la dépeignent comme l'icône du "retour aux sources", une reine qui, après avoir flirté avec le christianisme et avoir été trahie, aurait trouvé dans la spiritualité ancestrale la véritable clé de sa puissance et de la libération de son peuple.

Cette vision est puissante. Elle est séduisante. Mais elle est incomplète. Et une histoire incomplète est une histoire fausse.

Pour véritablement honorer la Reine Nzinga, nous ne devons pas la figer dans une image idéalisée qui sert nos propres agendas. Nous devons avoir le courage de la suivre tout au long de son voyage, y compris jusqu'à sa destination finale, une destination qui pourrait bien surprendre, et même déranger, ceux qui prétendent parler en son nom aujourd'hui.

Acte 1 : Le Baptême Stratégique et la Trahison des "Chrétiens"

L'histoire de Nzinga commence par un acte de génie politique. Consciente de la menace portugaise, elle ne choisit pas d'emblée la confrontation militaire. Elle choisit la diplomatie. Son baptême en 1622 et son adoption du nom d'Ana de Sousa n'étaient pas un acte de soumission, mais une manœuvre stratégique visant à négocier d'égal à égal avec les Européens, en utilisant leur propre langage et leur propre foi comme base d'un traité de paix.

Ce qui s'est passé ensuite est une tache indélébile sur l'histoire de la chrétienté occidentale. Les autorités portugaises, motivées par la cupidité insatiable de la traite négrière, ont renié leur parole et trahi le traité. Ils ont prouvé que leur foi n'était qu'un "christianisme culturel", un masque commode pour leurs ambitions impériales.

Face à cette trahison, la réaction de Nzinga fut celle de tout leader digne de ce nom : elle rejeta la foi de ces hypocrites et se prépara à une guerre qu'on lui avait imposée.

Acte 2 : L'Alliance Guerrière et son Coût Moral Dévastateur

C'est ici que l'histoire, souvent romancée, devient plus sombre et plus complexe. Pour survivre face à la puissance de feu portugaise, Nzinga dut faire une alliance contre-nature avec les Imbangala, des sociétés de guerriers mercenaires redoutés. Pour cimenter cette alliance, elle adopta leurs coutumes, y compris leurs rituels de guerre brutaux.

Mais une armée a besoin de financement. Dans l'économie de l'Afrique Centrale du XVIIe siècle, ravagée par la traite, la monnaie la plus précieuse était l'être humain. L'histoire, documentée par des spécialistes de renommée mondiale comme John K. Thornton et Linda M. Heywood, est sans appel : pour acheter les fusils nécessaires à sa résistance, la Reine Nzinga est devenue elle-même une actrice majeure et redoutablement efficace de la traite négrière. Elle menait des raids contre des peuples voisins pour vendre des captifs aux marchands portugais qu'elle combattait par ailleurs.

C'est une vérité dérangeante qui nous force à poser une question cruciale à ceux qui la présentent comme un modèle absolu : est-ce que le chemin de la libération africaine passe par l'asservissement d'autres Africains ? Est-ce que le "retour aux sources" signifie l'adoption d'une logique où la fin justifie les moyens, même les plus monstrueux ?

La grandeur de Nzinga est qu'elle a fini par comprendre que cette voie était une impasse. Une voie de pouvoir, certes, mais une voie sans paix et sans véritable justice.

Acte 3 : Le Repentir Authentique et la Destination Finale

Ce que les récits afrocentristes omettent systématiquement, c'est le dernier et plus long chapitre de la vie de la reine. Après des décennies de guerre quasi-ininterrompue, Nzinga a cherché une autre voie.

Dans les années 1650, elle a pris une décision qui a changé le cours de son règne. Elle a non seulement rompu avec les coutumes violentes des Imbangala, mais elle a activement cherché à rétablir des liens avec l'Église, cette fois à travers des missionnaires capucins italiens, qu'elle percevait comme moins directement liés au projet colonial portugais.

Cette fois, ce n'était pas une manœuvre diplomatique. C'était une reconversion profonde et sincère. Nzinga a passé la dernière décennie de sa vie à transformer son royaume guerrier en une nation chrétienne. Elle a fait interdire les sacrifices humains, a fait construire des églises dans sa capitale, et a consacré son énergie à établir une paix durable.

Elle est morte en 1663, à l'âge de 80 ans, en tant que reine catholique fervente, recevant les derniers sacrements. Son plus grand souhait, comme en témoignent ses lettres et les chroniques des missionnaires, était que son peuple suive la voie du Christ.

Conclusion : Le Véritable Héritage de Nzinga

Alors oui, la Reine Nzinga s'est repentie. Mais de quoi ? Elle ne s'est pas repentie d'avoir été baptisée la première fois. Elle s'est repentie du chemin de mort, de violence et d'asservissement que la spiritualité de la pure puissance l'avait contrainte à emprunter.

Son retour final au Christ n'était pas un signe de faiblesse sénile. C'était l'acte de sagesse ultime d'une femme qui avait tout essayé. Elle avait essayé la diplomatie, la guerre totale, l'alliance avec les forces ancestrales les plus brutales. Et au terme de ce long et sanglant voyage, elle a conclu que la seule voie vers une paix véritable, une justice qui n'exige pas de devenir un monstre, se trouvait dans la foi en Christ.

Honorer Nzinga, ce n'est pas la figer au milieu de sa vie, dans l'éclat de sa fureur. C'est respecter son parcours jusqu'au bout. C'est écouter sa dernière leçon, sa sagesse finale. Le véritable héritage de la plus grande reine-guerrière de l'Afrique n'est pas un appel à rejeter le Christ, mais la démonstration, par une vie de souffrance et de combat, qu'Il est la seule destination qui vaille.

Pour aller plus loin :

  • Heywood, Linda M. Njinga of Angola: Africa's Warrior Queen. Harvard University Press, 2017.

  • Thornton, John K. A History of West Central Africa to 1850. Cambridge University Press, 202