Pouvoir du Ren : Pensée Africaine et Suprématie Blanche

Introduction : Le Secret Égyptien que nous avons Oublié

Nos ancêtres de la vallée du Nil nous ont légué une sagesse profonde et terrible : le pouvoir du Nom (Ren). Pour eux, prononcer le nom d'un être, c'était le maintenir en existence. Effacer son nom, c'était l'anéantir pour l'éternité. C'est un principe de guerre spirituelle fondamental.

Aujourd'hui, dans notre quête légitime de libération, nous semblons avoir oublié cette leçon. En utilisant la théorie moderne de l'égrégore – cette forme-pensée collective nourrie par notre attention – nous pouvons voir comment une partie de la pensée panafricaniste, en voulant combattre l'égrégore de la "suprématie blanche", est devenue sa principale source d'alimentation. Elle le maintient en vie en ne cessant de prononcer son nom.

Avant de commencer cette analyse, il est crucial de clarifier un point. Nous allons utiliser le concept d'"égrégore", comme évoqué plus haut, un terme populaire dans les mouvements néo-kémites et New Age. Il est important de noter que nous n'adhérons pas à la définition occultiste de l'égrégore comme une "forme-pensée" créée par l'homme. La vision biblique parle d'entités spirituelles réelles et objectives (anges, démons) qui existent indépendamment de la pensée humaine.

Cependant, nous utiliserons ici le terme "égrégore" dans un cadre rhétorique et spéculatif, afin de dialoguer avec ces courants de pensée dans leur propre langage. L'objectif est de démontrer que, même en acceptant leurs propres prémisses pour les besoins de l'argumentation, leur logique mène à une conclusion qui se retourne contre eux.

L'Égrégore et le Principe du Ren : L'Attention, c'est la Vie

L'égrégore de la suprématie blanche est une entité énergétique dont le but est simple : maintenir l'homme blanc au centre de l'histoire, comme acteur principal et cause de tout. Pour survivre, il a besoin que nous pensions à lui, que nous parlions de lui, que nous le nommions. Le pire, pour lui, n'est pas notre haine, mais notre oubli.

Examinons comment le discours réactionnaire, involontairement, "fait vivre" cet égrégore chaque jour.

1. "L'Homme Blanc est Responsable de Tout"
Chaque fois que nous affirmons que la traite négrière et la colonisation sont uniquement de la faute de l'homme blanc, nous lui accordons une puissance et une agence démesurées. Nous effaçons le rôle de nos propres ancêtres (rois, marchands...) et les réduisons à des victimes passives. Nous prononçons le nom du "Maître Blanc" comme la seule cause de l'histoire. Nous faisons vivre son nom.

2. "Le Christianisme est la Religion de l'Homme Blanc"
Chaque fois que nous associons la plus grande religion du monde à l'homme blanc, nous lui offrons un cadeau inestimable. Nous lui donnons la paternité de la théologie la plus influente de l'histoire, en effaçant les racines africaines de la Genèse et la contribution massive des Pères de l'Église africains. Nous prononçons le nom de "l'Inventeur Blanc". Nous faisons vivre son nom.

3. "Notre Identité se Construit Contre l'Homme Blanc"
Chaque fois que notre discours se limite à réagir, à réfuter, à dénoncer l'Occident, nous le maintenons à la place centrale. Il devient le soleil noir autour duquel notre propre identité est forcée de tourner. Nous ne créons pas notre propre récit, nous restons prisonniers du sien, en négatif. Nous prononçons le nom du "Référent Blanc". Nous faisons vivre son nom.

La Véritable Décolonisation : La "Damnatio Memoriae" Spirituelle

Que nous apprendraient nos ancêtres égyptiens s'ils nous voyaient aujourd'hui ? Ils nous diraient d'arrêter de prononcer le nom de notre "supposé" ennemi. Ils nous diraient d'appliquer la plus grande des punitions : la damnatio memoriae, l'effacement de la mémoire.

Comment affamer et détruire l'égrégore de la suprématie blanche ?
En cessant de parler de lui. En cessant de le mettre au centre.

C'est ce que propose notre modèle de "La Genèse, l'Histoire Africaine du Monde".

1. Nous ne parlons pas de l'Europe, nous parlons de l'Afrique. Nous affirmons que l'Afrique est la source, le commencement, le berceau. Nous prononçons le nom "Afrique".

2. Nous ne parlons pas du "dieu blanc", nous parlons du Dieu Universel. Nous affirmons que la Bible est notre histoire, que les Pères de l'Église sont nos ancêtres intellectuels. Nous prononçons le nom "Christ".

3. Nous ne nous définissons pas "contre", nous nous définissons "pour". Nous ne sommes pas des "anti-coloniaux", nous sommes des "bâtisseurs" d'un avenir fondé sur une vérité plus ancienne et plus grande.

Conclusion : Le Pouvoir de l'Oubli
Le panafricanisme réactionnaire est piégé dans une guerre qu'il ne peut pas gagner, car chaque coup qu'il porte renforce son adversaire. Il continue de sculpter le nom de son ancien maître sur les murs de sa propre pensée.

La véritable libération est de prendre le burin et de faire ce que les pharaons les plus puissants faisaient à leurs ennemis : marteler son propre nom jusqu'à ce que celui de l'ennemi disparaisse. Construisons notre propre histoire, parlons de nos propres héros, célébrons notre propre Dieu. Affamons l'égrégore en le condamnant à la seule chose qu'il ne peut supporter : l'insignifiance.