Le Paradoxe Chinois : le Développement par le Déracinement
Contrairement aux idées reçues, la puissance actuelle de la Chine ne vient pas de la fidélité à ses traditions. Son essor s’explique par deux ruptures majeures : la révolution communiste qui a détruit le culte des ancêtres et les réformes capitalistes inspirées de l’Occident. Une leçon pour l’Afrique : le progrès ne vient pas du passé, mais de la capacité à choisir et dépasser ses héritages.
ANIMISMEKÉMETISME
Vérité Le Noir
8/20/20253 min read


Le Paradoxe Chinois : le Développement par le Déracinement
1. Déconstruire le Mythe : Un Développement Anti-Ancestral
L'un des arguments les plus courants que nous entendons est que la Chine est devenue une superpuissance parce qu'elle s'est appuyée sur sa propre culture, y compris son culte des ancêtres. C'est une vision romantique, mais elle est en contradiction directe avec les faits du XXe et du XXIe siècle.
Le boom économique de la Chine ne commence pas avec un retour à Confucius ou aux traditions. Il commence avec deux ruptures radicales AVEC son passé ancestral.
La Rupture Communiste (1949-1976) :
Le fondateur de la Chine moderne, Mao Zedong, n'était pas un gardien des traditions. C'était un révolutionnaire marxiste. Le marxisme, une idéologie européenne, voit la religion et les traditions ancestrales comme "l'opium du peuple", des "superstitions féodales" qui doivent être éradiquées pour construire une société nouvelle. Durant la Révolution Culturelle (1966-1976), les Gardes Rouges ont mené une guerre systématique contre le passé : ils ont détruit des temples, brûlé des textes anciens, humilié les gardiens des traditions et interdit les pratiques religieuses, y compris le culte des ancêtres. La fondation de la Chine moderne n'est pas un retour aux sources, mais un déracinement culturel d'une violence inouïe.La Rupture Capitaliste (à partir de 1978) :
Le véritable boom économique de la Chine a commencé sous Deng Xiaoping, qui a prononcé la célèbre phrase : "Peu importe qu'un chat soit noir ou blanc, pourvu qu'il attrape la souris." Il a abandonné l'orthodoxie maoïste pour adopter une forme de capitalisme d'État pragmatique, en ouvrant la Chine aux investissements et aux technologies de l'Occident. Encore une fois, ce n'est pas un retour à la sagesse ancestrale, mais l'adoption d'un modèle économique fondamentalement occidental.
Conclusion : Le bond économique chinois n'a donc rien à voir avec le culte des ancêtres. Il est le résultat de l'adoption successive de deux idéologies étrangères et anti-traditionnelles : le communisme et le capitalisme.
2. La Situation Actuelle : Le Contrôle et l'Éradication Spirituelle
"Mais, pourrait-on objecter, peut-être que la Chine d'aujourd'hui essaie de reconnecter avec ses racines ?"
La réalité est tout autre. Le gouvernement de Xi Jinping mène une politique agressive de "Sinisation". Si le culte des ancêtres est toléré comme un acte culturel folklorique (comme le Festival de Qingming), toute expression spirituelle qui suggère une autorité supérieure à celle du Parti Communiste est violemment réprimée.
Depuis la mise en place des nouvelles réglementations sur les affaires religieuses en 2018, il y a eu une campagne systématique de destruction de milliers de temples, de sanctuaires et de statues dédiés aux divinités locales et aux esprits de la nature. C'est une guerre contre la dimension "animiste" de la spiritualité chinoise.
Pourquoi ? Parce qu'un État totalitaire athée ne peut tolérer aucune concurrence. Il ne peut y avoir de loyauté envers un dieu, un esprit, ou même un ancêtre, qui primerait sur la loyauté envers le Parti.
3. La Conclusion Tranchante
Nous pouvons donc affirmer avec certitude que non seulement le bond économique chinois n'a rien à voir avec le culte des ancêtres, mais qu'il a été historiquement corrélé à une politique active de suppression et de contrôle strict des pratiques spirituelles ancestrales.
Le modèle chinois n'est pas un modèle de développement par la tradition, mais un modèle de développement malgré et souvent contre la tradition. Il a remplacé la dépendance envers les ancêtres par une dépendance absolue envers l'État.
Cela nous laisse avec une question troublante pour ceux qui admirent ce modèle : si le chemin vers la puissance économique et politique semble exiger l'abandon ou la neutralisation de nos spiritualités les plus profondes, ces spiritualités sont-elles vraiment une source de force, ou sont-elles une faiblesse que les systèmes les plus impitoyables cherchent toujours à contrôler ou à éradiquer ?"
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