Le Ciel de la Genèse : Dôme Solide ou Espace Divin ?

La Genèse enseigne-t-elle un dôme solide au-dessus de la Terre ? Analyse du mot rāqîa' : poésie biblique, atmosphère et espace, pas de cosmologie primitive. Cet article répond à une critique classique contre la Bible : l’idée que Genèse 1 décrirait un "dôme solide".

Moïse Takougang

9/5/20254 min read

Le premier chapitre de la Genèse est l'un des textes les plus scrutés et les plus attaqués de toute la littérature humaine. Pour les critiques, il est une mine d'or de "preuves" d'une cosmologie primitive et anti-scientifique. L'une des accusations les plus courantes concerne le verset 6 : "Et Dieu dit : Qu'il y ait une étendue (rāqîa') entre les eaux..."

"Voyez !", s'exclame le sceptique, "La Bible enseigne l'existence d'un dôme solide et dur au-dessus de nos têtes ! Le mot rāqîa' vient d'un verbe qui signifie 'marteler' le métal. Les Hébreux, comme leurs voisins babyloniens, croyaient que le ciel était un couvercle de bronze. Comment prendre au sérieux un livre aussi dépassé ?"

Cette objection semble puissante. Mais est-elle basée sur une lecture honnête du texte ? Ou est-ce le résultat d'une approche littéraliste qui ignore la richesse poétique et la propre définition que la Bible donne de ses termes ?

Chez Réponses Chrétiennes, nous croyons qu'une foi robuste n'a pas peur des questions. Plongeons donc dans ce débat, non pas pour défendre une tradition, mais pour laisser la Bible s'interpréter elle-même.

1. L'Erreur de Catégorie : Lire un Poème comme un Schéma Technique

L'erreur fondamentale du critique est de lire la Genèse comme s'il s'agissait d'un article de la revue Nature. Le but de Genèse 1 n'est pas de fournir une description astrophysique de la composition de l'atmosphère. Son but est théologique : déclarer que Dieu est le Créateur souverain de l'espace au-dessus de nous, quelle que soit sa nature physique.

Pour ce faire, l'auteur inspiré a utilisé un langage phénoménologique. C'est-à-dire qu'il décrit le monde tel qu'il apparaît à un observateur humain depuis la surface de la Terre. Et depuis notre perspective, que voyons-nous ? Une vaste voûte bleue qui semble solide et étendue. Le mot rāqîa', avec sa connotation de quelque chose de "martelé" et "étalé", est une métaphore poétique d'une beauté et d'une précision extraordinaires pour décrire cette apparence. C'est le langage de l'artiste, pas de l'ingénieur.

Forcer une lecture littérale d'un "dôme solide", c'est comme lire le Psaume 18 qui décrit Dieu chevauchant un chérubin et volant sur les ailes du vent, et en déduire que la théologie biblique croit en un dieu ailé. C'est confondre la poésie avec la prose.

2. La Règle d'Or : Laisser la Bible Définir ses Propres Termes

Mais allons plus loin. La meilleure façon de comprendre un mot dans la Bible est de voir comment la Bible elle-même l'utilise. Et sur ce point, le texte de la Genèse est notre meilleur guide. Il nous donne deux indices cruciaux qui rendent l'interprétation d'un "dôme solide" impossible.

Indice n°1 : Le Domicile des Oiseaux (Genèse 1:20)
Au cinquième jour, Dieu crée les créatures volantes. Et où les place-t-il ? Le texte est d'une précision chirurgicale : "...et que des oiseaux volent sur la terre vers la face du rāqîa' des cieux."

La préposition hébraïque est claire. Les oiseaux ne volent pas sous une barrière, mais dans l'étendue même qui est appelée rāqîa'. Si le rāqîa' était un dôme de métal, les oiseaux s'y écraseraient. Le texte lui-même nous force à comprendre que le rāqîa' est l'atmosphère, l'espace aérien, l'étendue dans laquelle la vie aviaire est possible.

Indice n°2 : Le Lieu des Étoiles (Genèse 1:17)
Au quatrième jour, Dieu crée les luminaires. Et où les place-t-il ? "Dieu les plaça dans le rāqîa' des cieux pour éclairer la terre."

Ici, le même mot rāqîa' est utilisé pour décrire l'endroit où se trouvent le soleil, la lune et les étoiles. Le mot n'a donc pas un sens technique et unique, mais un sens large et flexible : l'étendue, l'espace au-dessus de nous. Il englobe à la fois l'espace atmosphérique (où volent les oiseaux) et l'espace céleste (où brillent les étoiles).

Conclusion : Une Étendue Divine, pas un Couvercle Matériel

Lorsque nous laissons la Bible s'interpréter elle-même, l'objection du "dôme solide" s'effondre. Le rāqîa' n'est pas un couvercle de métal hérité des mythes babyloniens. C'est l'espace divinement ordonné, l'étendue magnifique qui abrite à la fois le vol de l'aigle et la course des galaxies.

La véritable merveille de la Genèse n'est pas sa prétendue ignorance scientifique, mais sa sagesse théologique. Elle utilise un langage poétique, accessible à toutes les cultures et à toutes les époques, pour affirmer une vérité éternelle : l'espace infini qui nous entoure n'est pas le produit du hasard ou le royaume de dieux capricieux. C'est l'œuvre d'art d'un Créateur intelligent et souverain.

La prochaine fois que quelqu'un se moquera du "dôme" de la Genèse, ne vous mettez pas sur la défensive. Invitez-le simplement à continuer sa lecture. Car la réponse à l'objection ne se trouve pas dans un manuel de science moderne, mais quelques versets plus loin, dans le texte même qu'il prétend avoir compris.