Christianisme et Esclavage : Mythe et Réalité
Cet article explore la réalité du christianisme en Afrique pendant l'esclavage, révélant comment les esclavagistes ont tenté d'empêcher l'accès à la foi chrétienne. Découvrez comment les africains ...
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Vérité Le Noir
8/8/20254 min read


Introduction : Le Mythe de la Soumission par la Foi
Une idée tenace empoisonne la mémoire collective africaine : l'idée que nos ancêtres ont été vaincus et asservis parce qu'ils ont "accepté" le christianisme, une religion qui leur aurait enseigné la soumission passive. Dans ce récit, le missionnaire est l'avant-garde du colon, et la Bible est le manuel de l'esclave docile.
Cette vision, bien que compréhensible au vu des abus commis par des nations se disant chrétiennes, est une inversion totale de la réalité historique. Loin d'être un outil pour faciliter l'esclavage, la foi chrétienne a été, pendant des siècles, considérée par les esclavagistes eux-mêmes comme un obstacle majeur à leur entreprise. L'histoire ne montre pas des colons pressés de baptiser leurs esclaves pour les rendre dociles, mais des maîtres faisant tout leur possible pour empêcher leurs captifs d'accéder à une foi qu'ils savaient être, par essence, libératrice.
1. Le Dilemme Théologique du Colon : Un Esclave peut-il être un Frère ?
Dès le début de la traite transatlantique, les puissances coloniales et les propriétaires de plantations ont été confrontés à un problème théologique et juridique insoluble.
Le Principe Biblique : Le Nouveau Testament, en particulier les écrits de Paul, établit une égalité spirituelle radicale entre tous les croyants. La déclaration de Galates 3:28 ("il n'y a plus ni esclave ni libre... car tous vous êtes un en Jésus-Christ") était une bombe à retardement idéologique.
La Question Dévastatrice : Si un esclave africain est baptisé, devient-il un "frère en Christ" ? Et si c'est un frère, comment peut-on moralement et légalement le maintenir en servitude "chattel" (c'est-à-dire le traiter comme un bien meuble) ?
Face à ce dilemme, la réaction de la majorité des colons et des États esclavagistes n'a pas été d'embrasser cette fraternité, mais de la refuser activement.
2. La Preuve par la Loi : L'Institutionnalisation de l'Exclusion
Pendant des siècles, des lois ont été spécifiquement édictées dans les colonies (américaines, britanniques, françaises) pour s'assurer que le baptême ne confère aucun droit à la liberté.
Source Historique : Le "Code Noir" (France, 1685)
Bien que l'Article 2 du Code Noir ordonne le baptême des esclaves, les articles suivants renforcent leur statut de "biens meubles" (Article 44), montrant la tension. Dans la pratique, de nombreux colons ont retardé ou refusé le baptême, craignant qu'il n'inspire des idées de liberté.
Source Historique : Les Lois des Colonies Anglaises
Dans les colonies britanniques d'Amérique et des Caraïbes, l'opposition à l'évangélisation des esclaves était féroce. Des lois ont été passées pour rassurer les propriétaires.
Exemple : La Loi de Virginie de 1667. Cette loi stipulait explicitement que "le baptême ne modifie en rien la condition de la personne quant à sa servitude ou à sa liberté."
Implication : Pourquoi passer une telle loi si le baptême était un outil de soumission ? On passe cette loi précisément parce que les propriétaires craignaient que le baptême ne mène à des revendications de liberté.
L'historien spécialiste de l'esclavage, Eugene D. Genovese, dans son livre Roll, Jordan, Roll, documente abondamment cette résistance des maîtres à la christianisation de leurs esclaves, qu'ils voyaient comme une menace à leur autorité.
3. La Subversion par la Foi : L'Évangile comme Langage de la Libération
Lorsque les esclaves ont finalement eu accès au christianisme (souvent par des prédicateurs dissidents ou par leurs propres leaders), ils n'y ont pas trouvé un message de soumission. Ils s'en sont emparés comme d'un langage de résistance et d'espérance.
L'Identification à Israël : Ils n'ont pas écouté les sermons du maître sur "serviteurs, obéissez à vos maîtres". Ils ont entendu l'histoire d'Israël esclave en Égypte et de l'Exode libérateur. Ils n'étaient pas les esclaves des Romains, ils étaient le peuple hébreu attendant son Moïse.
Jésus, le Libérateur : Leur Jésus n'était pas le "doux Jésus" des images européennes. C'était un Roi puissant, le "Lion de Juda", celui qui brise les chaînes et qui promet un jugement sur les oppresseurs.
Les "Negro Spirituals" : Des chants comme "Go Down, Moses" ou "Didn't My Lord Deliver Daniel?" n'étaient pas des chants de résignation. C'étaient des chants de protestation codés, des appels à la libération terrestre et céleste.
Conclusion : Renverser le Mythe
Le mythe selon lequel les Africains ont été vaincus parce qu'ils ont accepté le christianisme est une inversion de la vérité historique.
La réalité est que les systèmes esclavagistes ont lutté avec acharnement pour empêcher les Africains d'accéder au christianisme, car ils savaient que son message d'égalité spirituelle était un poison pour leur système d'oppression. Ils ont dû créer des lois pour nier les conséquences libératrices du baptême.
Et lorsque les Africains se sont emparés de ce message, ils ne l'ont pas utilisé pour se soumettre. Ils l'ont transformé en une théologie de la libération, une source de dignité inébranlable et un cri d'espérance qui a soutenu leur résilience pendant des siècles.
La véritable histoire n'est donc pas celle d'une foi qui asservit, mais d'un peuple asservi qui a trouvé dans la foi de ses oppresseurs l'arme même de sa future libération spirituelle et politique.
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