L'Afrique à Genoux ? Le Faux Procès fait au Christianisme

"Le christianisme a-t-il fait stagner l'Afrique ? Cet article déconstruit l'idée d'un retour aux spiritualités ancestrales en analysant l'échec du syncrétisme. Une apologétique honnête sur les racines de la corruption et du tribalisme, et un appel à un christianisme radical et sans compromis comme véritable solution pour le continent.

ANIMISMEKÉMETISME

Vérité Le Noir

8/20/20254 min read

Introduction : Le Poids d'une Question Douloureuse

"Tant que nous serons spirituellement dépendants des autres, l'Afrique demeurera toujours à genoux."

Cette phrase, lue récemment dans un débat en ligne, est comme une flèche qui se plante dans le cœur. Elle est chargée de la frustration et de la douleur de générations d'Africains qui regardent notre continent, si riche et si puissant, lutter pour se tenir pleinement debout sur la scène mondiale. Le diagnostic semble simple : avant, nous avions nos spiritualités ancestrales et nous bâtissions des empires. Aujourd'hui, une grande partie de l'Afrique a embrassé le christianisme, et nous stagnons dans la corruption et la dépendance. La conclusion semble évidente : le christianisme a échoué. Pour nous relever, il faudrait nous "décoloniser spirituellement" et retourner à la source.

Cet argument est puissant. Il est émotionnellement convaincant. Mais est-il historiquement juste ? Est-il logiquement solide ?

Je vous invite à une enquête honnête. Non pas pour défendre une institution, mais pour chercher la vérité. Car si notre diagnostic sur la maladie est faux, le remède que nous proposons ne pourra que nous empoisonner davantage.

1. Le Mythe de l'Âge d'Or : Nos Traditions étaient-elles une Fondation Parfaite ?

La première étape de notre enquête doit être de regarder notre passé sans le romantiser. L'idée que nos spiritualités ancestrales, à leur "paroxysme", ont produit des sociétés parfaites est un mythe. Elles ont produit des civilisations brillantes, des arts sublimes et une sagesse profonde. Personne ne peut le nier. Mais elles portaient aussi en elles des fractures morales profondes.

L'histoire, quand on l'écoute sans filtre, nous raconte une réalité plus complexe :

  • Les grands empires comme l'Ashanti ou le Dahomey reposaient sur une économie de guerre et une traite humaine à grande échelle. La gloire du trône était souvent cimentée par le sang des captifs.

  • Des sociétés comme celle du Kongo étaient paralysées par une peur omniprésente de la sorcellerie, menant à des chasses aux sorcières et à une justice par l'ordalie.

  • Des systèmes comme celui des Osu chez les Igbo ont créé des castes héréditaires, niant la dignité d'une partie de leur propre peuple.

Dire cela n'est pas trahir nos ancêtres. C'est reconnaître qu'ils étaient des hommes, et non des dieux. C'est admettre que leurs visions du monde, aussi riches soient-elles, contenaient des failles qui engendraient l'injustice, la peur et la violence. La "stagnation" morale ou la "dépendance" n'ont pas commencé avec l'arrivée des missionnaires. Les problèmes ont simplement changé de forme.

2. Le Vrai Diagnostic : Avons-nous vraiment essayé le Christianisme ?

Le cœur de l'argument de nos critiques est que l'Afrique a "essayé" le christianisme et que cela n'a pas fonctionné. Mais est-ce vrai ? Ou avons-nous plutôt créé un syncrétisme, un mélange spirituel instable où nous essayons de faire cohabiter deux logiques incompatibles ?

Regardons notre réalité en face :

  • Combien de nos dirigeants politiques qui prêtent serment sur la Bible continuent de se fier à des pratiques occultes pour assurer leur pouvoir ?

  • Combien de nos familles, ferventes à l'église le dimanche, vont encore consulter le devin le lundi face à la maladie ou à l'échec ?

  • La peur des malédictions familiales, des "blocages" ancestraux et de la sorcellerie est-elle absente de nos communautés chrétiennes ? Ou continue-t-elle de dicter nos décisions les plus importantes ?

La vérité est que nous ne vivons pas dans une Afrique post-animiste, mais dans une Afrique hyper-syncrétique. Nous avons créé un système spirituel hybride et schizophrène. Nous avons pris le nom puissant de Jésus, mais nous continuons souvent de fonctionner selon la logique de l'ancienne vision du monde : une logique de peur (des esprits), de transaction (apaiser Dieu et les ancêtres) et de tribalisme (la loyauté au clan avant la fraternité universelle).

La tragédie n'est donc pas que l'Afrique a embrassé le christianisme et que celui-ci a échoué. La tragédie est que l'Afrique n'a pas encore vraiment essayé le christianisme radical et sans compromis de l'Évangile. Nous avons reçu une version souvent mutilée par les colons, un Évangile de contrôle social. Et nous l'avons nous-mêmes diluée avec nos anciennes peurs, créant un "christianisme" qui n'a ni la cohérence de nos traditions, ni la puissance libératrice de l'Évangile.

3. Le Remède Inexploré : Et si nous prenions Jésus au Mot ?

La stagnation que nous voyons aujourd'hui n'est donc pas la preuve de l'échec du christianisme. Elle est la preuve éclatante de l'échec de notre compromis spirituel.

Le véritable bond en avant pour l'Afrique ne viendra pas d'un retour en arrière vers des systèmes qui ont déjà montré leurs limites tragiques. Il ne viendra pas non plus de la perpétuation d'un christianisme de façade.

Il viendra le jour où une génération d'Africains décidera d'embrasser tout l'Évangile, sans compromis. Un Évangile qui :

  • Guérit la peur de la sorcellerie en proclamant la souveraineté absolue du Christ sur toutes les puissances.

  • Brise les murs du tribalisme en créant une nouvelle identité en Christ, plus forte que celle du sang.

  • Remplace la corruption par une éthique de l'intégrité radicale, fondée sur le caractère d'un Dieu saint.

  • Libère l'initiative et la créativité en affirmant que notre valeur et notre destin ne dépendent pas des caprices des esprits, mais de notre statut d'enfant bien-aimé d'un Dieu bon.

Cela nous laisse avec la vraie question. La question n'est pas "Pourquoi le christianisme a-t-il fait stagner l'Afrique ?". La question que nous devons avoir le courage de nous poser est :

"Qu'arriverait-il à notre continent si, pour la première fois dans l'histoire, nous décidions collectivement de prendre Jésus-Christ au mot et d'appliquer sa Parole de manière radicale à tous les domaines de notre vie, de nos familles à nos gouvernements ?"

C'est cette expérience-là qui n'a pas encore été véritablement tentée. Et c'est la seule qui nous reste.