La Blessure Indicible : Qui est Vraiment à Blâmer pour la Traite Négrière ?

Un regard honnête et sans tabou sur la question de la participation africaine à la traite négrière. Cet article explore le dilemme douloureux de l'agence africaine et montre comment la Bible offre une perspective de justice et de guérison qui transcende les accusations mutuelles. Un texte pour ceux qui n'ont pas peur des questions difficiles

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Vérité Le Noir

8/13/20254 min read

Introduction : Le Silence sous l'Arbre à Palabres

Il y a des sujets si douloureux qu'on hésite à les aborder, même sous l'arbre à palabres. La grande blessure de la traite négrière et de l'esclavage en fait partie. Pendant des siècles, des millions de nos ancêtres ont été arrachés à cette terre, enchaînés, déportés, déshumanisés. C'est une cicatrice sur l'âme de l'Afrique et de sa diaspora.

Dans notre quête légitime de fierté et de justice, une question revient sans cesse : qui est à blâmer ? La réponse semble simple et évidente : le marchand d'esclaves blanc, le propriétaire de plantation, les nations européennes dont la cupidité a alimenté cette machine infernale. Cette réponse est vraie, et elle est juste.

Mais est-elle complète ?

Je vous invite aujourd'hui à une réflexion difficile, non pas pour diluer la culpabilité, mais pour la comprendre dans toute sa profondeur tragique. Car si nous voulons vraiment guérir de cette blessure, nous devons avoir le courage de poser un diagnostic honnête, même s'il nous met mal à l'aise.

Le Dilemme de l'Agence Africaine : un Piège pour la Pensée

Lorsque l'on veut défendre la dignité de l'Afrique face à cette histoire, on se retrouve souvent piégé dans un dilemme terrible. J'ai moi-même lutté avec cela. Il n'y a que deux scénarios possibles concernant la participation africaine à la traite, et chacun mène à une conclusion qui devrait nous troubler.

Scénario 1 : Les Africains n'ont PAS participé (ils étaient des victimes pures).

Imaginons un instant, pour l'amour de l'argument, que les récits de royaumes africains participant à la traite soient de la pure propagande coloniale. Imaginons que les 12 millions d'esclaves aient été capturés uniquement par la force des Européens.

Quelle est la conclusion logique de ce scénario ?

Cela signifierait qu'une civilisation (européenne) a été capable, seule, par sa propre force militaire, technologique et organisationnelle, de soumettre, de capturer et de déporter des millions de personnes d'un autre continent, sur plusieurs siècles. Cela impliquerait une supériorité si écrasante, une impuissance si totale de notre part, que cela validerait, sans le vouloir, les pires clichés de la propagande raciste. Pour affirmer notre innocence, nous serions forcés de conclure à notre propre faiblesse. C'est une impasse douloureuse pour quiconque veut affirmer la force et la dignité de l'Afrique.

Scénario 2 : Les Africains ONT participé (ils avaient une "agence").

Ce scénario est celui que la grande majorité des historiens, y compris africains, reconnaissent aujourd'hui comme une vérité factuelle. Des rois, des chefs et des marchands africains ont activement participé au commerce en menant des raids et en vendant des captifs, souvent pour obtenir des armes à feu et d'autres marchandises.

Mais quelle est la conclusion spirituelle de ce scénario ?

Cela signifie que nos propres systèmes de valeurs, nos propres visions du monde, nos spiritualités ancestrales, n'ont pas pu ou n'ont pas voulu empêcher ce crime contre l'humanité. Pire encore, elles ont fourni les structures mentales qui l'ont rendu possible : la déshumanisation du prisonnier de guerre, la primauté des intérêts du clan sur la dignité humaine universelle, la justification de la vente d'un "autre" pour assurer sa propre prospérité. Si nous acceptons ce scénario, nous sommes forcés de conclure que nos traditions, aussi riches soient-elles, portaient en elles une fracture morale profonde, une faille qui a été cyniquement exploitée par la cupidité européenne.

La Conclusion du Dilemme : Une Fracture Universelle

Voyez-vous le piège ?

  • Si nous nions notre participation, nous acceptons une narrative d'impuissance.

  • Si nous acceptons notre participation, nous devons reconnaître la faillite morale de nos propres systèmes ancestraux.

Quelle que soit la branche que nous choisissons, nous arrivons à la même conclusion : il y avait une fracture. Une fracture profonde. Et cette prise de conscience change tout. Le problème n'est plus simplement "eux contre nous". Le problème est la condition humaine elle-même.

Le Juge Impartial qui se Tient au-dessus du Débat

Face à ce dilemme douloureux, où les torts semblent partagés, y a-t-il un standard de justice qui transcende nos accusations mutuelles ? Oui. Il se trouve dans le livre même que les esclavagistes ont tenté de tordre à leur avantage. Bien avant l'Évangile, dans la Torah, Dieu a prononcé son verdict sur le crime de la traite humaine.

"Celui qui enlèvera un homme, qu'il le vende ou qu'on le trouve entre ses mains, sera puni de mort." (Exode 21:16)

Cette loi est d'une clarté de cristal. Elle ne condamne pas une couleur de peau ou une nation. Elle condamne un acte. Elle condamne le ravisseur (les guerriers du Dahomey), le vendeur (le marchand africain sur la côte) ET l'acheteur (le capitaine de navire européen). Aux yeux de la justice parfaite de Dieu, tous les participants à ce commerce démoniaque tombaient sous le même et unique jugement.

La Parole de Dieu n'est donc pas l'outil de l'oppresseur. Elle est le scalpel de la vérité qui expose la maladie dans le cœur de tous les hommes. Elle nous libère d'un débat stérile pour nous placer tous devant la réalité de notre commune humanité déchue.

Conclusion : De la Culpabilité à la Guérison

Alors, à quoi sert ce diagnostic ? À nous enfoncer dans la culpabilité ? Non. Comme le dirait un bon guérisseur, on ne peut pas soigner une maladie sans l'avoir correctement identifiée.

En reconnaissant la double fracture – la trahison des messagers européens ET les vulnérabilités de nos propres sociétés – nous comprenons que la solution ne peut venir d'aucun des deux camps. Elle ne peut venir ni d'un retour à des traditions qui ont montré leurs limites, ni de l'acceptation d'un "christianisme" impérial qui a trahi son propre message.

La solution ne peut venir que d'en haut. De l'authentique Évangile de Jésus-Christ. Lui seul peut guérir cette double fracture. Il juge l'orgueil et la cupidité de l'Européen. Il guérit la peur et le tribalisme de l'Africain. Il offre un pardon qui demande la repentance de tous et donne la force de briser les chaînes de l'amertume.

Reconnaître notre agence dans l'histoire, même dans ses chapitres les plus sombres, n'est pas un acte d'auto-flagellation. C'est l'acte de maturité qui nous permet de cesser de n'être que des victimes pour devenir les acteurs d'une guérison plus profonde, une guérison que seul le Christ peut offrir.