La Bible au Banc des Accusés : Verdict sur le Procès en Racisme
La Bible cautionne-t-elle le racisme ? Analyse des “preuves” : malédiction de Cham, épouse koushite de Moïse, message universel de Galates 3:28.
KÉMETISMEANIMISMEHÉRITAGE BIBLIQUE AFRICAIN
Moïse Takougang
9/11/20257 min read


La Bible au Banc des Accusés : Verdict sur le Procès en Racisme
Introduction : Une Accusation Grave, une Enquête Indispensable
L'une des accusations les plus lourdes et les plus douloureuses portées contre la foi chrétienne est celle d'avoir été la complice, voire l'architecte, du racisme anti-Noir. Pour des générations entières, la Bible n'est pas qu'un texte ancien ; elle est perçue comme l'arme idéologique qui a fourni aux nations "chrétiennes" le permis divin de justifier des siècles d'esclavage, de colonisation et d'oppression systémique.
Cette accusation est d'une gravité extrême. Elle ne peut être balayée d'un revers de main. Elle exige une réponse qui ne soit ni une apologie défensive, ni une excuse évasive, mais une enquête honnête, rigoureuse et fondée sur une analyse sans concession du texte lui-même. Notre but n'est pas d'absoudre les crimes historiques de la chrétienté – ils sont réels, indéniables et doivent être confessés. Notre but est de juger la source. De mettre le texte biblique sur le banc des témoins.
En nous comportant comme des enquêteurs méthodiques, nous allons examiner les pièces à conviction. La question fondamentale est simple : lorsque des hommes ont brandi la Bible pour légitimer le racisme, ont-ils obéi à son message ou l'ont-ils trahi de la manière la plus profonde qui soit ?
Pièce n°1 : Le Fondement – La Doctrine Biblique de l'Humanité
Avant d'analyser les passages controversés, tout bon enquêteur doit d'abord établir le cadre général, le principe fondateur de la loi en question. Quelle est la vision de l'humanité que la Bible propose dès ses premières pages ?
L'Origine Commune et la Dignité Partagée (Genèse 1:26-27)
Le premier chapitre de la Bible n'est pas un traité scientifique, c'est la constitution théologique de l'humanité. Le texte affirme que Dieu a créé ha'adam – un terme hébreu collectif qui signifie "l'humanité" dans son ensemble – à Son image et à Sa ressemblance. Cette "Image de Dieu" (Imago Dei) n'est pas une caractéristique réservée à une ethnie, à une lignée ou à une élite. C'est le statut ontologique, la dignité inhérente et inaliénable de chaque être humain. C'est l'ADN spirituel de notre espèce. Avant même que les concepts de "race", de culture ou de statut social n'existent, la Bible établit une égalité radicale et universelle. Toute doctrine de supériorité raciale se heurte donc frontalement à ce premier article de la foi.
L'Impartialité Divine comme Principe Inébranlable (Deutéronome 10:17, Actes 10:34, Romains 2:11)
Ce principe fondateur est réaffirmé à travers tout le canon biblique. Moïse rappelle à Israël que leur Dieu « ne fait point acception de personnes » (Deut. 10:17). Des siècles plus tard, l'apôtre Pierre, dans un moment de révélation qui bouleverse sa vision du monde, déclare : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait pas de favoritisme » (Actes 10:34). L'apôtre Paul grave cette idée dans le marbre de la théologie chrétienne : « Devant Dieu, il n’y a pas de considération de personnes » (Romains 2:11). Cette idée, révolutionnaire dans un monde antique structuré par des hiérarchies ethniques rigides, signifie que l'accès à Dieu et à son salut n'est conditionné par aucune appartenance terrestre. Dieu ne regarde pas la couleur de la peau, mais la condition du cœur.
Conclusion de ce point : Le cadre théologique de la Bible est intrinsèquement universaliste. Une idéologie de suprématie raciale n'est pas une simple "mauvaise interprétation" ; c'est une hérésie qui contredit les principes les plus fondamentaux et les plus répétés du texte.


Pièce n°2 : L'Examen des Scellés – Analyse des "Versets Problématiques"
C'est ici que l'enquêteur doit se faire exégète, en lisant les textes souvent cités à charge dans leur contexte littéraire, historique et théologique.
Cas N°1 : La soi-disant "Malédiction de Cham" (Genèse 9:18-27)
Ce passage a été l'arme théologique la plus dévastatrice, le pilier textuel sur lequel s'est construite la justification de l'esclavage des Noirs. Une lecture attentive, libérée des préjugés des esclavagistes, révèle une manipulation textuelle d'une malhonnêteté flagrante.
La Cible de la Malédiction : La première chose qui saute aux yeux est que le texte ne dit jamais : « Maudit soit Cham ». La malédiction de Noé est précise et limitée. Elle vise explicitement son petit-fils : « Maudit soit Canaan ! » (v. 25). Imputer la malédiction à Cham est une falsification du texte.
L'Identité des Descendants : La fameuse "Table des Nations" en Genèse 10, qui sert de carte ethnographique au monde ancien, est formelle. Elle identifie les descendants de Canaan comme les peuples habitant le Levant (les futurs Phéniciens, Hittites, Amorites, etc.), la terre que les Israélites s'apprêtaient à conquérir. Les peuples noirs y sont, eux, principalement associés à Koush (la Nubie/Éthiopie), un autre fils de Cham, qui n'est jamais l'objet de la malédiction. L'équation "Cham = Noir = Maudit" est une fraude intellectuelle et exégétique.
Le Contexte Historique : La majorité des biblistes voient aujourd'hui ce texte comme une "étiologie politique", un récit écrit pour justifier a posteriori les conflits et la soumission des peuples cananéens par Israël. C'est une légitimation politique post-événement, et non un décret théologique universel sur les races humaines. L'instrumentalisation de ce verset est, et a toujours été, une hérésie textuelle au service d'un crime.
Cas N°2 : L'Épouse Koushite de Moïse (Nombres 12:1-10)
Ce récit, loin d'être une preuve de préjugé, est en réalité la condamnation la plus explicite du racisme dans tout l'Ancien Testament.
L'Accusation : Myriam et Aaron, la propre sœur et le propre frère de Moïse, le critiquent ouvertement « au sujet de la femme koushite qu'il avait prise » (v. 1). Le terme "Koushite" désigne sans ambiguïté une femme noire de la région qui correspond aujourd'hui au Soudan ou à l'Éthiopie.
Le Jugement Divin : La réaction de Dieu est immédiate, personnelle et foudroyante. Il ne valide pas leur critique. Il ne la minimise pas. Il les convoque et exprime une colère ardente. La punition est d'une ironie divine terrible : Myriam, qui a méprisé une femme pour sa peau noire, est frappée de lèpre et devient « blanche comme la neige » (v. 10).
La Leçon : Ce n'est pas juste une anecdote. C'est une mise en scène théologique. Dieu intervient directement pour sanctifier un mariage interracial et pour condamner de la manière la plus spectaculaire qui soit la discrimination basée sur l'origine ethnique.
Conclusion de ce point : Les versets les plus souvent utilisés pour accuser la Bible de racisme se révèlent, à l'analyse honnête, être soit des déformations grossières de leur sens, soit, de manière spectaculaire, des condamnations claires et directes du préjugé racial.


Pièce n°3 : Le Mobile du Crime – Identifier le Véritable Coupable
Il est historiquement indéniable que des nations et des institutions se réclamant du Christ ont commis et justifié des atrocités racistes. La question n'est pas de nier ces faits, mais de déterminer leur source. Le coupable est-il le code de loi (la Bible) ou ceux qui l'ont délibérément violé ?
La Trahison Historique
La justification de la traite négrière et de la colonisation a exigé une trahison consciente et systématique de la Révélation biblique. Des "chrétiens culturels", pour qui la foi était un héritage national plus qu'une conviction personnelle, ont dû :
Manipuler les Écritures : En tordant le sens de la "malédiction de Canaan".
Ignorer les Écritures : En passant sous silence les lois de Moïse qui condamnaient le rapt et la vante d'hommes (Exode 21:16), protégeaient les étrangers et offraient même le droit d'asile aux esclaves fugitifs (Deutéronome 23:15-16), ou en ignorant les déclarations radicales de Paul.
Contredire les Écritures : En niant l'Imago Dei chez les Africains pour les déshumaniser et les traiter comme du bétail, en violation directe du fondement même de la foi.
Le Manifeste de l'Unité (Galates 3:28)
L'apôtre Paul, dans ce qui constitue peut-être le verset le plus socialement révolutionnaire de toute l'Antiquité, offre la conclusion théologique du projet divin : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » Ce n'est pas une simple utopie pour le ciel. C'est la déclaration que l'œuvre de rédemption du Christ rend toutes les hiérarchies et divisions humaines – ethniques, sociales, de genre – obsolètes et invalides devant Dieu. Un système basé sur la supériorité d'une race sur une autre n'est donc pas une "dérive" du christianisme ; c'est son antithèse, sa négation fondamentale.
Conclusion : Le Verdict
Le procès arrive à son terme. Les preuves textuelles sont accablantes. La Bible, dans ses principes fondateurs (l'Imago Dei), ses lois (l'impartialité de Dieu) et ses récits clés (l'épouse koushite), n'est pas un texte raciste. Au contraire, elle pose les fondations d'une égalité humaine radicale et condamne sans équivoque les préjugés ethniques.
Le véritable coupable n'est pas le texte, mais la faillibilité et le péché des hommes qui, par cupidité et orgueil, ont choisi de le trahir. L'histoire de l'oppression raciale commise au nom du Christ n'est pas l'histoire de la Bible ; c'est l'histoire de son détournement, de son instrumentalisation, de sa profanation. Le problème n'a jamais été la Révélation elle-même, mais la rébellion constante du cœur humain contre cette Révélation.
La tâche d'un lecteur honnête aujourd'hui n'est donc pas de rejeter la Bible à cause des crimes de ceux qui l'ont déformée, mais de la réclamer pour ce qu'elle est vraiment : non pas le code de notre oppression, mais la charte la plus solide de notre libération.
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