L'Énigme que les Athées ne Posent Jamais : Un Dieu Tout-Puissant peut-il Mourir ?

Il y a une vieille énigme, un "piège" logique que les sceptiques aiment tendre aux croyants depuis des siècles. C'est le fameux paradoxe de la toute-puissance, souvent formulé ainsi :

"Dieu peut-il créer une pierre si lourde qu'il ne puisse pas la soulever ?"

Le piège est censé être parfait. Si l'on répond non, Dieu n'est pas tout-puissant. Si l'on répond oui, Dieu n'est pas tout-puissant. L'accusation est claire : le concept même d'un Dieu tout-puissant est une absurdité logique, un conte de fées pour esprits simples.

Pendant des années, les théologiens ont répondu avec une logique impeccable, expliquant que la toute-puissance n'est pas la capacité de faire ce qui est logiquement absurde (comme créer un "cercle carré"), mais la capacité d'accomplir parfaitement sa propre volonté en accord avec sa propre nature. C'est une bonne défense.

Mais aujourd'hui, je vous propose de cesser de nous défendre. Je vous propose de passer à l'offensive. Car cette petite énigme de salon, si fièrement brandie par les sceptiques, n'est pas la vraie question du pouvoir. Elle est une distraction qui nous empêche de contempler le véritable et terrifiant paradoxe de la toute-puissance, celui que seule la Révélation chrétienne ose affronter.

Redéfinir le Pouvoir : la Limite de la Force Brute

La première erreur du paradoxe de la pierre est qu'il définit la puissance de manière enfantine. Il la réduit à de la force physique, à de la puissance brute. "Mon dieu est plus fort que le tien, il peut soulever de plus grosses pierres." C'est une théologie de cour de récréation.

Le Dieu de la Bible n'est pas un simple Hercule cosmique. Sa puissance (sa dunamis) n'est pas seulement une force, c'est une agence créatrice et souveraine. Sa toute-puissance ne se mesure pas à sa capacité à violer la logique, mais à sa capacité à fonder la logique elle-même et à agir parfaitement en son sein. Un Dieu qui ment ou qui se contredit ne serait pas tout-puissant ; il serait défaillant.

Mais cette défense philosophique ne suffit pas. Car le Christianisme ne propose pas une théorie sur la puissance. Il raconte l'histoire d'une démonstration de puissance.

Le Vrai Test : Un Dieu Tout-Puissant peut-il se rendre impuissant ?

Oublions les pierres un instant et posons la vraie question, celle qui met mal à l'aise les défenseurs du dilemme.

Un être éternel, immatériel, impassible, source de toute vie, peut-il, par un acte de sa propre volonté souveraine, faire ce qui est ontologiquement contraire à sa nature ?

• Peut-il entrer dans le temps et l'espace ?

• Peut-il prendre sur lui la fragilité de la chair et du sang, faits de poussière ?

• Peut-il se soumettre à la faim, à la fatigue, à la trahison ?

• Et, question ultime : Peut-il, Lui qui EST la Vie, entrer dans la mort elle-même... sans cesser d'être Dieu ?

Voilà une énigme digne de ce nom. Ce n'est plus "peut-il créer une pierre ?", mais "peut-il devenir la poussière ?".

Et la réponse de l'Évangile est le "OUI" le plus choquant de l'histoire humaine. L'Incarnation n'est pas une limite à la toute-puissance de Dieu. Elle en est la manifestation la plus extrême et la plus paradoxale. C'est l'acte d'un Dieu si souverain qu'il peut choisir de se soumettre à ses propres lois naturelles, et si puissant qu'il peut habiter la fragilité sans être diminué par elle.

La Solution : Un Dieu Tout-Puissant peut-il Vaincre la Mort de l'Intérieur ?

Mais le drame ne s'arrête pas là. L'Incarnation n'était que le premier acte. Vient ensuite la Croix.

Le Dieu fait homme ne se contente pas de frôler la mort. Il y plonge. Il subit la séparation d'avec le Père. Il devient, comme le dit Paul, "péché pour nous".

Et c'est ici que la toute-puissance est démontrée de la manière la plus inimaginable. Un dieu païen peut peut-être tuer ses ennemis. Le Dieu de la Bible peut faire quelque chose d'infiniment plus difficile : ressusciter son propre corps mort.

Il n'a pas vaincu la mort depuis le Ciel, en lui lançant un éclair. Il est descendu dans la forteresse de la mort, en est devenu prisonnier, et l'a fait exploser de l'intérieur par la puissance de sa propre vie indestructible.

La Résurrection est la réponse finale au paradoxe de la toute-puissance.

Alors, la prochaine fois qu'un sceptique vous pose la question de la pierre, souriez et répondez :

*"C'est une question intéressante, mais triviale. Laissez-moi vous en poser une vraie. Mon Dieu est un Dieu qui peut mourir et ressusciter. Le vôtre, que peut-il faire ?

Car le Dieu que je sers a prouvé sa toute-puissance non pas en soulevant une pierre, mais en soulevant le poids du péché du monde entier sur ses épaules à la Croix, et en se relevant d'un tombeau pour prouver que même la mort n'est qu'un caillou sous ses pieds."*

C'est cela, le pouvoir. Tout le reste n'est qu'un jeu d'ombres.